
Il a réalisé ce rêve fou que les concurrents ont tous dans un coin de la tête. Trouver la bonne alchimie à bord, prendre la bonne option, tenir bon et entrevoir l’arrivée en tête après une bataille acharnée… Il y a deux ans, Nils Palmieri remportait la Transat Paprec avec Julien Villion, après 18 jours et 5 heures en mer. Le Suisse revient sur ses souvenirs, cette bataille océanique et distille quelques conseils à ceux qui vont s’élancer dimanche.
Quels souvenirs te restent-ils de ta victoire ?
Nils Palmieri : “Assurément l’ambiance à l’arrivée ! Il s’agit d’un moment exceptionnel, l’un des plus beaux moments dans ma vie de skipper. C’était extraordinaire , avec du monde partout, les bateaux qui nous accompagnaient, la foule sur le port… Ce qui a été déterminant, c’est notre choix de prendre une route nord. On a eu l’intelligence de nous placer à l’avant de ce groupe et de tenir bon.”
Comment s’est prise cette décision, cruciale pour la victoire ?
“Je me souviens qu’on avait longuement échangé avec Julien. On avait fait l’analyse météo, discuté de la stratégie… C’est vraiment un choix qui n’était pas facile à prendre. On ne voyait pas vraiment comment la situation pouvait être meilleure dans le sud. Elle était un peu gagnante, mais la probabilité que la route nord soit meilleure était plus élevée. Ça a donné ce scénario incroyable où la flotte s’est scindée en deux. Il y a eu énormément d’écarts et puis tout le monde s’est retrouvé à la fin pour le dénouement !”
Quel a été l’importance de votre binôme dans ce succès ?
“On se connaissait un peu. On avait régaté l’un contre l’autre, mais jamais ensemble. Très naturellement, ça a très bien fonctionné. On savait qu’il ne fallait pas être à 200% tout le temps. C’est une course longue. Il faut savoir relâcher la pression, accepter des moments plus tranquilles et adapter son rythme. Et puis il y a la promiscuité, le bruit, l’humidité… Il faut être capable de mettre le confort de côté pour que tout fonctionne.”
Quel regard portes-tu sur le fait que la course soit devenue intégralement mixte ?
“Je trouve que c’est une très bonne décision. Je fais partie de ces marins qui poussent pour que les femmes aient davantage accès à la course au large. C’est plus facile que dans d’autres sports de se mesurer à armes égales et je pense que l’on doit tout faire pour qu’elles soient plus nombreuses à participer.”
Qui sont les favoris de cette nouvelle édition ?
“C’est difficile à dire et c’est pour ça que la course est géniale ! Avec la monotypie et le talent de la flotte, je pense que plus de la moitié des bateaux peuvent s’imposer. Les duos de purs Figaristes ont peut-être un petit avantage sur les autres. Mais c’est dur de se prononcer !”
Quelles sont selon toi les clefs pour l’emporter ?
“Il faut être capable de maîtriser toutes les règles du jeu sur une transatlantique. Déjà, elle se court essentiellement au portant donc il convient d’être rapide à cette allure. Ensuite, le positionnement et la stratégie sont primordiaux. Il faut être tout le temps « dessus » et redoubler de vigilance à chaque passage stratégique. Autre point essentiel : le fait de ne pas négliger le confort à bord parce que c’est très dur. Il y a plein de petites choses pour l’optimiser, disposer d’un siège de barre, protéger la descente, être bien calé à l’intérieur quand on fait la météo… Avec Julien, on pouvait s'asseoir côte à côte devant l’ordinateur, c’était vraiment pratique. Ce sont des petits détails, mais qui ont leur importance tant les bateaux sont exigeants. D’ailleurs, je suis sûr qu’il y a deux ans on était parti avec le bateau le plus confortable de la flotte.”