©Alexis Courcoux
Les concurrents viennent de dépasser le cap des dix jours en mer. Les écarts sont toujours particulièrement serrés au cœur de l’Atlantique. Menés par Gaston Morvan et Anne-Claire Le Berre (Région Bretagne - CMB Performance), les six premiers se tiennent un écart de moins de 30 milles et les trois autres à plus de 70 milles. Derrière, Race for Science – Verder (Edouard Golbery - Alicia de Pfyffer) - s’accroche à 202,7 milles et Groupe Hélios – Du Léman à l’Océan (Arnaud Machado - Lucie Quéruel) tient bon.
Il faut parfois prendre de la hauteur, ce qui est forcément difficile en mer, un peu moins face à la cartographie. On constate en dézoomant qu’il reste encore près de 1700 milles, soit quasiment 2 800 km à parcourir. En somme, les skippers doivent parcourir l’équivalent d’un Paris - Athènes sur des bateaux de 10,89 mètres de long, résister aux variations du vent, à la météo changeante et à des adversaires qui ne lâchent rien. « On est au taquet », s’amusait Loïs Berrehar (Skipper MACIF) dans une vidéo.
La bande des six ne se lâchent pas
Ce qui semble paisible à observer depuis la terre n’est donc jamais véritablement la réalité en mer, même si ces dernières heures n’ont pas été les plus éprouvantes vécues en mer depuis le départ. « Pour tous les skippers, ça s’apparente à un casse-tête avec beaucoup de recalage », souligne Francis Le Goff, le directeur de course. L’alizé s’établit à 15 à 17 noeuds dans les prochaines heures, des conditions maniables qui nécessitent néanmoins d'être très vigilants sur les réglages.
On assiste même à un statu quo en tête de course. Leaders depuis la veille, Gaston Morvan et Anne-Claire Le Berre (Région Bretagne – CMB Performance) ont creusé légèrement l’écart sur l’orthodromie avec 8,1 milles d’avance. Le duo pointe surtout à une dizaine de milles au sud de ses poursuivants. À bord, ils se régalent comme le témoigne Anne-Claire dans une vidéo : « On est dans les alizés, c’est pour ça qu’on est venus à cette course. Et c’est le kiff absolu ! »
Derrière, tous sont dans un mouchoir de poche : Mutuelle Bleue (Corentin Horeau/Pauline Courtois, 2e) à 9,3 milles, Skipper MACIF (Loïs Berrehar/Charlotte Yven) à 8,1 milles, Région Normandie (Guillaume Pirouelle/Sophie Faguet, 4e) à 13,9 milles, Cap Ingélec (Camille Bertel/Pierre Leboucher) à 25,9 milles, Edenred (Basile Bourgnon/Violette Dorange, 6e) à 28,4 milles. « Après le passage délicat de la Palma, la vie à bord va de mieux en mieux », a confié Sophie Faguet au ‘Mag de la Transat’ : « On essaie de reprendre des forces et de mettre le cerveau à l’endroit ».
« On arrive à contourner tous les problèmes »
L’écart se creuse en revanche entre ces six premiers et un groupe de trois bateaux qui émerge à soixante dix milles. MonAtoutÉnergie. fr (Arthur Hubert/Colombe Julia, 7e), AGEAS - Ballay - Cerfrance - Baie de Saint-Brieuc (Maël Garnier/Julia Courtois, 8e) et Région Bretagne – CMB Océane (Chloé Le Bars/Hugo Dhallenne, 9e) évoluent à couteaux tirés. « On est à fond pour essayer de doubler nos concurrents », assure Colombe Julia dans une vidéo. Avec Arthur Hubert, ils ont également croisé leurs premiers poissons volants !
Derrière, Race for Science – Verder pointe à 202,7 milles de la tête de course. Mais le moral à bord est au beau fixe comme l’a expliqué Édouard Golbery, joint ce matin à la vacation. « Ça va très bien, on arrive à contourner tous les problèmes, à être manœuvrant et à trouver la bonne vitesse du bateau. Ça a pris du temps », a-t-il expliqué. Il y a, chez Alicia et Edouard, la satisfaction simple d’être toujours en course alors qu’ils ont « beaucoup cassé à l’arrivée à La Palma ». « Quand tu casses, tu te fatigues plus, on a dû faire des galipettes à l’avant pour réparer l'amure, refaire des lashings… », confie Edouard. Il explique aussi la difficulté à veiller au sommeil, mission délicate la nuit dernière « à cause des nombreuses bascules de vent et des grains ». Mais avec Alicia, ils tiennent bon, symbole de la résilience et de la résistance dont il convient de faire preuve. Ainsi va la flotte de la Transat Paprec, alors que les skippers viennent de passer 10 jours en mer et ne sont qu’à mi-route des douceurs de Saint-Barthélemy…
Pour tous, il faut s’accommoder avec la concentration permanente, la nécessité de bien se reposer et de ne jamais rien lâcher. « Il y a un rythme à trouver mais on est habitués à barrer tout le temps en tant que Figaristes », assure Violette Dorange. Quand elle a répondu à la vacation ce mardi matin, Edenred progressait entre 11 et 15 nœuds dans une petite houle de 1 mètre. « On a des bonnes conditions médium », expliquait-elle. Avec Basile, ils s’affairaient à « faire des recalages vers le sud » pour « trouver le bon équilibre », une obsession partagée par tous.