La guerre des positions

LA DEUXIÈME NUIT. La flotte est toujours aussi regroupée puisque les skippers se tiennent en moins de 15 milles. Avant d’atteindre le cap Finisterre en fin de journée, il convient de bien se positionner par rapport à une dorsale qui pourrait creuser les écarts au sein de la flotte. Au classement de 7 heures ce mardi, Laure Galley et Kévin Bloch (DMG MORI Academy) ont pris les commandes devant Martin Le Pape et Mathilde Géron (Demain) et le duo Alexis Thomas et Pauline Courtois (Wings of the Ocean).

Lumière frontale, regard concentré, Romain Bouillard (Décrochons la lune) décrypte l’enjeu du moment : « cette nuit (de lundi à mardi) est déterminante. Il va y avoir une grosse transition et ça risque de partir par devant. On va essayer de se donner au maximum ». Alexis Thomas (Wings for Ocean) complète : « l’idée, c’est d’arriver à se faufiler au Sud de la dorsale anticyclonique qui nous fait barrière au cap Finistère pour récupérer les alizées portugais. Et c’est important car l’élastique va se tendre jusqu’aux Canaries ».

Romain Bouillard (Décrochons la lune) au crépuscule de la seconde nuit.

Pour aborder ce point clé, le positionnement des bateaux au sein de la flotte est différente. Certains, dont les leaders actuels, Laure Galley et Kévin Bloch (DMG MORI Academy) sont plus au Sud, d’autres dont Davy Beaudart et Julie Simon (Hellowork) pointent à 10 milles plus à l’Ouest, alors que certains ont une position intermédiaire comme Charlotte Yven et Hugo Dhalenne (Skipper Macif), positionnés entre ces deux groupes.

« Ça tricote » dans la flotte !

« C’est un passage assez important, précise Yann Chateau à la direction de course. Ils sont sur la pointe d’une dorsale qui est en train de s’affaisser. Ils reçoivent un flux de Sud-Ouest assez faible : tout le jeu consiste à se placer et à trouver le meilleur compromis entre gagner de l’Ouest et avancer vers le but ». Et pour y parvenir dans ce vent peu stable, « ça tricote » dans la flotte !

Le vent d’Ouest devrait se renforcer au fil de la matinée avant que les Figaro 3 ne pointent à tribord vers le cap Finisterre qu’ils devraient atteindre en fin de journée. Et il faudra attendre la nuit prochaine pour savoir quel groupe prend l’avantage. « Ceux qui sont un peu plus Sud semblent être plutôt bien placés, précise Yann. Mais on verra la nuit prochaine si le décalage va payer et qui aura réussi à gérer ce passage ». Affaire à suivre donc !

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LES RÉACTIONS DU BORD

Adrien Simon (FAUN) : « Le début de course était vraiment super, le départ de Concarneau était magnifique. C’était génial ! On n’a pas été les plus performants à ce jeu-là mais on a vraiment pris du plaisir. Nous avons été très vite mis dans le bain, ce n’était pas simple de se reposer. Notre décalage à l’Ouest est volontaire : il y a une énorme zone de molle au cap Finisterre et il va falloir la traverser pour rejoindre les alizés portugais. C’est une zone vaste donc compliquée à traverser. Mais on va avoir du vent qui va revenir de l’Ouest ce mardi. L’idée c’est de se positionner pour le récupérer et le toucher avec un meilleur angle. On sait que c’est dès le début un choix audacieux, on espère que ça va fonctionner ! »

Martin Le Pape (Demain) : « Ce début de course se passe plutôt bien. On est content de nos choix avec pas mal de speed dans les moments où il fallait être rapide donc c’est cool. Effectivement, on a un petit décalage à l’Est par rapport à Skipper Macif et d’autres bateaux. Ça va se jouer sur le passage de la dorsale au niveau du cap Finisterre. C’est potentiellement un vent qui va peut-être revenir d’abord vers l’Ouest mais si on a du Sud, on peut s’en sortir peut-être avant eux. Ça va dépendre de la molle au cap Finisterre ! Nous avons un rythme assez cool avec des quarts courts pour ne pas trop nous fatiguer. On prend nos marques et on a hâte d’être au portant ! »

Alexis Thomas (Wings of the Ocean) :

« Les conditions ne sont pas les plus simples depuis le départ entre passage de fronts et vent plutôt soutenu. Nous avons longuement hésité à partir sans bottes et cirés pour partir légers mais finalement nous sommes bien contents d’être équipés. Nous avons plutôt bien tiré notre épingle du jeu avec cette option de route Est. J’étais assez craintif que les concurrents de l’Ouest nous écrasent avec du vent plus fort et un meilleur angle par rapport au vent, mais pour l’instant nous avons plutôt tendance à faire de l’allongement et à ressortir par dessous. L’idée est d’arriver à se faufiler au sud de la dorsale anticyclonique qui nous fait barrière au cap Finistère pour récupérer les alizés portugais. Il est vraiment important de passer le cap Finistère devant car l’élastique va se tendre par devant jusqu’aux Canaries. »

LES PETITES NOUVELLES DU BORD

Ces premiers jours de course sont aussi l’occasion de s’adapter aux joies du bord. Ceux qui ont eu le mal de mer de façon passagère, à l’instar de Cindy Brin et Thomas André (Cap St Barth) pendant la première nuit, s’en sont déjà remis. Les quarts s’enchaînent, certains s’amusent à prendre en photo leur partenaire dormir (Tiphaine Rideau, Irina Gracheva, Pauline Courtois), d’autres immortalisent leur premier déjeuner (Kévin Bloch), le soleil de l’après-midi (Ellie Driver) ou encore des mains déjà marquées de l’intensité de la régate (Mael Garnier). Jules Ducelier et Sophie Faguet (Région Normandie) ont filmé Cap Saint Barth qui ne les quitte plus. Enfin, Davy Beaudart et Julia Simon (Hellowork), tout comme Quentin Vlamynck et Audrey Ogereau (Les Étoiles Filantes) ainsi que Maël Garnier et Cath Hunt (Selancia – Cerfrance) qui ont eu la chance d’être escortés par des dauphins dans la journée d’hier.