©Alexis Courcoux
Alors que la flotte longe les côtes portugaises, une vingtaine de nœuds et une houle de 2 mètres étaient au menu pour les skippers ce jeudi. Si le vent doit mollir en fin de journée, tous s’attachent à être particulièrement vigilants pour conserver leur position et grappiller quelques milles. Loïs Berrehar et Charlotte Yven (Skipper MACIF) occupent la 1ère place mais les sept premiers ne sont séparés que de 5,9 milles !
S'il n’y a pas eu encore de grands coups de vent, et pas de conditions dantesques depuis le départ de Concarneau, à l’heure de faire le point sur le 4e jour de course de la Transat Paprec, la répétition des efforts et la vigilance de chaque instant ont forcément une incidence sur les organismes. À bord, rien n’est de tout repos… Même quand il s’agit de faire la sieste !
Basile Bourgnon (Edenred) l’a constaté – et filmé – ces dernières heures. « J’essaie de dormir avec le bruit et ce n’est pas facile », explique-t-il depuis sa bannette, pince-sans-rire, alors que Violette Dorange, sur le pont, s’occupe de faire progresser le bateau. Sur AGEAS - Ballay - Cerfrance - Baie de Saint-Brieuc, Maël Garnier, joint à la vacation de 10h00 ce matin compte lui aussi les heures de sommeil : « J'ai dû dormir à peine 2 heures par nuit depuis le départ, j’étais vraiment cramé ! » Savoir gérer ces temps de récupération, si précieux, est l’un des enjeux à l’ombre de la bataille sportive.
« Ça va dans tous les sens »
Une fois à la barre, tous les concurrents savent qu’il faut tout donner, trouver en permanence le bon réglage, la bonne allure pour continuer à progresser et grappiller des milles coûte que coûte. Car en Figaro BENETEAU 3, la moindre faute de barre peut faire perdre un temps précieux, surtout quand l’ensemble des concurrents évoluent aux mêmes vitesses. Maël Garnier l’atteste en analysant les positions, alors que les sept premiers bateaux se tiennent en seulement 7 milles. « Ça ne paraît pas conséquent mais ça l’est. On voit souvent Edenred et Région Bretagne - CMB Performance et parfois même Cap Ingélec, le leader. Mais ce n’est pas pour ça qu’on arrive à le rattraper ! »
Depuis hier soir donc, tous les concurrents ont mis le cap vers le Sud et progressent à plus de 120 milles des côtes portugaises sur une route proche de l’orthodromie (la trajectoire la plus directe). Oublié le temps agité et perturbé de la veille. « C’est une longue ligne droite avec quelques petits empannages en perspective », expliquait dans une vidéo Anne-Claire Le Berre (Région Bretagne - CMB Performance). Maël Garnier évoquait en milieu de matinée une vingtaine de nœuds et une mer croisée. « Ça va dans tous les sens et on sait que ça va être sportif », expliquait-il. Cet après-midi, le long bord se poursuit avec un vent légèrement moins vigoureux (entre 12 et 15 nœuds de vent) qui devrait continuer à mollir dans la soirée.
©Alexis Courcoux
La Palma, « l’échéance approche »
En termes de forces en présence, on constate déjà qu’un gros peloton se détache au détriment de deux bateaux, Groupe Helios – Du Léman à l’Océan (Arnaud Machado – Lucie Queruel, 10e à 24 milles des leaders) et Race for Science – Verder (Alicia De Pfyffer - Édouard Golbery, 11e à 30 milles des leaders). « Ce sont les deux duos semi-professionnels et on voit que c’est un peu plus dur à tenir pour eux », soulignait Francis Le Goff, ce jeudi midi au ‘Mag de la Transat’. Si MonAtoutÉnergie. fr (Arthur Hubert - Colombe Julia) et Région Bretagne – CMB Océane (Chloé Le Bars – Hugo Dhalenne) semblent un peu distancés par rapport au groupe de tête, Francis assure qu’ils « restent dans le jeu » en étant « un peu plus rapides grâce à leur décalage à l’Ouest ». Les sept premiers, qui se tiennent en seulement cinq milles, sont toujours menés par Cap Ingélec. Interviewé au ‘Mag de la Transat’, Pierre se disait « assez content » de leur stratégie. « On a réussi à bien se débrouiller lors des transitions, on tire notre épingle du jeu à chaque regroupement ».
Tous sont donc lancés dans une « course de vitesse » assure Cyrille Duchesne, météorologue chez Météo Consult. « Ce qui va surtout compter, c’est la capacité à tenir une vitesse élevée et constante, sans avoir trop à manœuvrer pour conserver un maximum de régularité », abonde Francis Le Goff. Les skippers commencent également à réfléchir à la façon d’aborder les Canaries et le point de passage de la Palma. D’après les routages, la flotte devrait y parvenir ce week-end. Là encore, il faudra faire preuve de malice et d’ingéniosité en matière de stratégie. « L’échéance se rapproche » confiait ce matin Yann Chateau, Directeur de Course adjoint. « La grande question est de savoir s’ils vont raser le waypoint de la Palma ou s’ils vont passer entre les îles ». Un passage clé de la course donc qui obligera à nouveau à redoubler de concentration et d’habileté.