Armel Le Cléac’h : « la Transat Paprec, une des plus belles courses que j’ai disputées »
- Antoine Grenapin
- il y a 21 heures
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L'ENTRETIEN DU SAMEDI. Il reste le seul skipper à s’être imposé à deux reprises à la Transat Paprec, en 2004 et en 2010. Armel Le Cléac’h a débuté en Figaro et y a performé, longtemps, avant de s’envoler vers l’IMOCA puis l’Ultim. Avant une navigation à bord du Maxi Banque Populaire XI vendredi, le skipper a pris le temps d’évoquer ses souvenirs de Transat Paprec et son regard sur la course actuelle et sur son proche dénouement.

Quels sont tes souvenirs de tes premières participations à la Transat Paprec ?
La première victoire était assez dingue, c’était une belle histoire. Deux ans avant, avec Nicolas Troussel, on avait eu un sponsor en dernière minute et on avait dû abandonner après avoir cassé l’étai au Cap Finisterre. En 2004, on revient, le départ est retardé, l’escale à Madère est supprimée et on arrive le 11 mai, le jour de notre anniversaire à tous les deux.
Et six ans plus tard, tu t’imposes à nouveau…
Oui, c’était avec Fabien (Delahaye) qui était un petit jeune plein de promesses et de talent qui venait de débuter. On gagne la transat à l’issue d’une belle bagarre avec 3 à 4 bateaux qui étaient à vue toute la course… Et là encore, on était arrivé le 11 mai !
« Je trouve que la mixité est une force »
Qu’est-ce qui compte afin d’être performant à la Transat Paprec ?
Il faut d’abord trouver un bon binôme. La cohésion à bord est essentielle parce qu’il faut se faire confiance, bien s’entendre. Avec Fabien, on se connaissait peu mais on se complétait bien. Cette alchimie est importante parce que c’est une course où l’équation n’est pas facile, il faut savoir être opportuniste, se battre pour réaliser des gains progressivement et ne rien lâcher. Mais c’est une sacrée aventure, une des plus belles courses que j’ai disputées, d’autant que tu finis à Saint-Barthélemy, un beau coin de paradis.
Quel regard portes-tu sur la course actuelle ? Déjà, je trouve que la mixité est une force puisqu’elle permet à de nombreuses jeunes skippeuses de s’aguerrir dans la meilleure école qu’est le Figaro. Après, même si je connais peu ces jeunes marins, on assiste à une super bagarre en tête de course. On voit qu’il y a trois bateaux qui se détachent (Skipper Macif, Cap St Barth, Wings of the Ocean). Ils ont réussi à être dans le match en termes de vitesse et de stratégie en négotiant bien les phases de transition qui n’étaient pas évidentes. La zone de vent faible devant eux ne sera pas facile à négocier. Jusqu’à Saint-Barthélemy, le jeu reste encore ouvert !
« La Transat Paprec, ça se gagne à deux ! »
Le suspense est souvent prégnant jusqu’à la fin… Oui c’est clair. En 2010, il y avait eu ce match à quatre pour la victoire. Je me souviens aussi de l’édition 2006 que nous avions terminé 5e avec Nicolas Troussel. Lors de la dernière nuit, les sept premiers étaient tous à vue, on voyait les feux des bateaux qui avançaient à la queue-leu-leu. Et tous sont arrivés dans l’heure sur la ligne d’arrivée !
Comment fait-on pour tenir 18 jours en étant à fond au maximum ?
Certains ont souffert des conditions ventées et ont accumulé de la fatigue. Ce qui est important, c’est de bien alterner les quarts, de laisser un peu de temps en plus à l’autre s’il est fatigué. La communication entre les deux est importante pour tenir sur la distance et conserver une attitude positive et combative. La Transat Paprec, ça se gagne à deux !
Est-ce qu’il y a des skippers que tu suis plus que d’autres ? Oui je suis attentif à ceux qui font partie comme moi du Pôle de Port-La-Fôret. Je pense notamment à Charlotte Yven qui peut me rejoindre au palmarès des doubles vainqueurs ! Ça me plairait bien, d’autant que Charlotte est originaire comme moi de la baie de Morlaix ! Je pense aussi aux frères Le Pape qui ne sont pas loin des premiers. Et puis il y a aussi la belle surprise Cap St Barth (Cindy Brin et Alexis Thomas) qui font une sacrée course ! Je sais à quel point l’accueil à Saint-Barthélemy peut être chaleureux alors pour eux, ce sera une sacrée fête !
Tu as redit que le Figaro était la meilleure école…
Oui, j’y crois fortement. C’est la meilleure école en solitaire et en double. La Transat Paprec est très précieuse pour se former. Avant d’y participer, je n’avais jamais traversé l’Atlantique et je n’avais jamais passé autant de jours en mer. Tu passes des heures au portant, dans la brise, c’est une expérience incroyable pour tous ceux qui ont la chance de faire la Solitaire du Figaro. Ceux qui ont fait la Transat Paprec auront un petit plus, seront plus à l’aise… C’est une expérience indéniable sur une série qui fonctionne bien grâce à la monotypie et à sa vitalité. En Figaro, il n’y a aucun point négatif !