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Piers Copham : « C'est comme si j'étais sur un circuit de F1 après avoir fait du karting »

Piers Copham est le premier marin britannique à annoncer sa participation à La Transat Paprec 2023. Pour sa toute première participation, il s'est associé à Voiles des Anges, une association qui propose un réseau de soutien aux familles ayant perdu un enfant.

Sur la coque de son bateau seront inscrits 100 noms, un mémorial vivant pour ceux qui sont décédés. « Où que j'aille, les gens sont extrêmement touchés par cette cause. Elle est incroyablement émouvante » commente-t-il. Le parcours de Copham au sein de la Classe Figaro Beneteau n'est pas des plus classiques, mais il détient la même ferveur que n'importe lequel de ses concurrents. Son objectif à long terme est d'être sur la ligne de départ du Vendée Globe 2028, mais il reconnaît qu'il a d’abord besoin de « l'expérience de se mesurer aux meilleurs » sur le circuit et notamment sur la Transat Paprec. Une course qu'il considère comme « le défi de voile le plus emblématique que l'on puisse faire, en dehors du tour du monde. »

Humble, honnête et parfois ironique, il porte un regard nouveau et frais sur sa toute première participation à la Transat Paprec. Originaire du nord-ouest de l'Écosse, Piers Copham parle avec tendresse de ses racines écossaises. « Je navigue depuis l'âge de six ans et j'ai beaucoup navigué au large des côtes écossaises. En fait, j'ai fabriqué mon premier dériveur à partir d'un vieux bateau à rames et j'utilisais un drap pour la voile. J'aime à penser que j'ai parcouru un long chemin depuis lors », s’amuse-t-il. Il a grandi sous l'influence de sa famille, à laquelle il doit son état d’esprit : « J'ai grandi au nord de l'Écosse, mais avec un grand-père gallois et un autre irlandais, marié à une Allemande, on peut dire que j'ai eu une éducation assez européenne. »

« L'un de mes ancêtres a été capturé par Napoléon, puis emprisonné en Bretagne, avant de s'échapper au Pays de Galles sur une frégate volée. Je me suis toujours dit que tout était possible ! »

Copham réside aujourd'hui à Cambridge, au Royaume-Uni, et a accumulé une belle expérience de la course au large au cours des dernières années, participant notamment à la Mini Transat et à Solitaire du Figaro, où il a terminé 32e. « La Solitaire du Figaro est une course fantastique. Je ne m'attendais pas du tout à pouvoir courir dans la classe Figaro, pour moi c'est vraiment le top de la voile. Si on compare à de la course automobile, c'est comme si j'avais fait du karting pendant des années et que je me retrouvais à l'arrière de la flotte de F1. Je n'avais pas prévu d'être là, tout cela me semblait trop élitiste. Mais les gens autour de moi m'ont donné la confiance nécessaire pour me lancer. On m'a dit : "Tu n'es pas très rapide, mais tu es très capable". C'est tout ce que j'avais besoin d'entendre, vraiment. En fin de compte, si vous êtes prêt à apprendre, il ne devrait pas y avoir de barrière. Il est clair que c'est une compétition, il faut être - et vouloir être - compétitif, mais j'étais prêt à accepter que je serais probablement assez loin derrière la plupart du temps... »

Pour ce qui est de faire face à des conditions météorologiques difficiles, pour lui, tout est relatif. « Lors de la Mini Transat l'année dernière, j'ai été un peu surpris de constater que j'étais l'un des six bateaux sur 90 qui sont restés en mer lorsque la direction de course a annoncé la tempête que nous avons connue. Si vous êtes sur la côte Ouest de l'Écosse et que vous recevez ce genre de prévision, vous vous dites 'oh, ça va être un peu inconfortable'. Mais si vous grandissez dans l'ouest de la France, où une prévision comme celle-là est considérée comme effroyable, j'imagine que c'est tout à fait différent»

La voile n'est pas le premier sport de Copham, il pratique également l'aviron et s'entraîne tous les jours. Il a participé aux 10 derniers championnats du monde vétérans et a remporté une médaille européenne. Il aime l'objectif simple de l'aviron. « Vous vous dirigez en ligne droite avec un but à atteindre. La voile est très différente, vous avez toujours le même objectif de rallier une destination - dans ce cas sera l'autre côté de l'Atlantique - mais il y a une chance que vous n'y arriviez pas. Ensuite, il y a un certain nombre de routes que vous pouvez prendre pour y arriver. C'est la façon dont vous y arrivez qui en fait un véritable défi. » 

« Je pense que l'aviron reflète probablement ma ténacité, alors que pour moi, la voile représente davantage mon côté stratégique et ma capacité à réagir aux changements. D'une certaine manière, ma carrière professionnelle reflète probablement les deux. » Copham dirige une société de conseil en stratégie, Granta Strategy, et possède plusieurs diplômes dont un doctorat en métallurgie (l'étude des éléments métalliques). 

« Lorsque vous régatez en solo - ou en double - il y a peu d’éléments qui peuvent venir perturber la navigation. Lorsque vous êtes au milieu de l'Atlantique et que vous levez les yeux, le ciel semble 10 fois plus lumineux, puis vous regardez la mer et vous voyez le plancton fluorescent ou les dauphins nager à côté du bateau, il n'y a vraiment rien de tel. » 

Il est très élogieux à l'égard de ses concurrents. « J'aime que ce soit une communauté internationale, j'apprécie vraiment la camaraderie. Il y a beaucoup de marins brillants, certains des meilleurs coureurs au large du monde, des marins olympiques et certains jeunes qui ont remporté des championnats du monde. C'est une compétition, mais nous apprenons tous les uns des autres d'une certaine manière, en échangeant et en nous entraînant ensemble. Chacun veut donner le meilleur de soi-même. La mentalité est incroyablement collaborative en dehors de l'eau. J'ai eu un réel aperçu de ce qu'est le développement au plus haut niveau. C'est un énorme plaisir. De l'extérieur, la classe peut être considérée comme très élitiste, alors d'une certaine manière, j'ai l'impression de contribuer à ‘élargir le filet’. » 

Pour Copham, le format de course en double mixte est très intéressant mais pas nouveau pour lui. « Je pense que la voile est l'un des sports les plus inclusifs en termes de genre, j'ai toujours été en compétition avec ou contre des athlètes féminines talentueuses. Mes deux filles font de la voile, et l'une d'entre elles est certainement meilleure que moi, du moins sur le plan technique ! » 

Concernant ses objectifs pour la Transat Paprec, il a déclaré : « Je ne veux pas être le dernier ! Lorsque j'ai commencé à courir dans cette classe, je me suis d'abord dit que l'important n'était pas de ne pas arriver dernier, mais plutôt de savoir à quel point j'allais être loin derrière... mais finalement je n'ai pas encore fini dernier ! Pour l'instant, à quelques mois de l'échéance, toute l'attention se porte sur la toute première Transat Paprec de Copham. « Si on m'appelait pour me dire que le départ est demain, je me dirais "OK, faisons-le ! Mentalement et physiquement, je dirais que je me sens prêt. »  

Cela fait trois ans que Copham porte les couleurs de la cause « Voiles des Anges ». Au fil des ans, il s'est rapproché de Céline, la fondatrice, et de sa famille, qu'il a rencontrée pour la première fois par l'intermédiaire du précédent propriétaire de son Mini 6.50. L’association existe depuis neuf ans, mais parler de la perte d'un être cher est un sujet incroyablement sensible, qui peut encore être tabou pour certaines personnes. 

« J'ai fait une traversée transatlantique et la Solitaire du Figaro aux couleurs de l'association. J'aime à penser que cela apporte un certain réconfort aux familles. Les frères et sœurs peuvent aussi être impliqués, en suivant et en dessinant sur le bateau, c'est un sentiment incroyable de les soutenir. »