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Mixité dans le sport : focus dans le VTT

Parce que la mixité est un sujet qui touche tous les sports, l’organisation de la Transat Paprec a échangé avec Léna Gérault, 27 ans, double championne du monde 2020 et 2021 en relais mixte VTT. Native de Briançon, passionnée de montage et de tous les sports outdoor, elle partage sa vision.

Peux-tu nous parler de ta discipline en relais mixte ?

Il existe plusieurs disciplines dans le VTT. Il y a le Cross Country qui est la discipline Olympique : ce sont des courses d'environ 1h30 sur un circuit de 3 à 4 km, avec environ 150 mètres de dénivelé. Il y a le XCC, plus court, environ 20 minutes pour un circuit de 1,5 km avec très peu de dénivelé. Ensuite il y a le marathon, c’est un grand circuit de 60 à 100 km pour les filles, avec 2 à 3000 mètres de dénivelé. Dans cette discipline je suis championne de France. Il y a également le VTT de descente et le Trial. 

Le relais mixte, c’est du Cross Country. C’est la discipline des championnats de France, d’Europe et du monde. On court par équipe de 6 avec plusieurs catégories, un homme et une femme par catégorie. La catégorie juniors (17/18 ans), la catégorie U23 (18 à 23 ans) et la catégorie Élite, de 23 ans à la fin de carrière pro.

Qu’est-ce que cela change de pratiquer le VTT en équipe mixte ?

Pratiquer le VTT en équipe, c’est forcément différent. J’apprécie courir en équipe, j’aime partager, on met en commun nos forces pour accomplir quelque chose. On a besoin les uns des autres pour avancer ensemble. C’est des émotions et des sensations différentes. 

La mixité apporte des points de vue et des ressentis différents. Par exemple, les garçons vont peut-être se focaliser sur la manière dont sauter un obstacle le plus loin, alors que nous nous allons plutôt voir comment l’aborder techniquement. Les filles peuvent avoir tendance à plus analyser les choses. On va échanger ensemble, c’est enrichissant. Ils vont parfois nous pousser à être plus engagées. Cela m'est déjà arrivée de suivre mes coéquipiers sur des chemins sur lesquels je ne me sentais pas forcément de passer. Je les voyais faire, ils m'encourageaient en me disant que j’en étais capable alors je les suivais. Les garçons ne sont pas dévalorisés à courir aux côtés des filles ! C’est aussi à eux de réaliser qu’elles peuvent leur apporter quelque chose. 

Est-ce que dans le VTT, les stéréotypes persistent ? 

Oui, le VTT reste un sport qui paraît masculin : on est dans la nature, on roule par tous les temps, on se salit… Mais on essaye de combattre les stéréotypes car ce n’est vraiment pas la réalité ! On peut tout à fait être féminine, on n’a pas besoin d’être ultra musclée par exemple ! On manque encore de féminines mais ça évolue, comme dans tous les sports. Nous avons obtenu de recevoir les mêmes primes de course que les hommes, ce qui n’est absolument pas le cas pour le cyclisme sur route. 

Le sport à haut niveau, c’est le reflet de la société. Dans la société, c’est mieux vu qu’une petite fille aille faire de la danse que du vélo. En tant que sportifs, nos prises de positions sont indirectes. On a choisi de faire ce sport parce qu’on assume de ne pas s’être laissé porter par des stéréotypes de notre société. C’est un sujet qui concerne tout le monde, les marques, les sponsors, les organisateurs…

Quel message souhaites-tu adresser aux filles qui souhaitent s’engager dans des sports comme le VTT ou la course au large ? 

On doit croire en nos rêves ! Tout est possible même si on est une femme, on ne doit pas se limiter, même si parfois, ça peut sembler un peu plus dur que pour un homme. Il faut croire en soi, ne pas se laisser guider par les autres. 

J’espère qu’un jour une femme remportera une grande épreuve de course au large devant les hommes ! Ce serait la meilleure chose pour inciter les autres femmes à venir et à se sentir légitime d’être là. 


Crédit photo : © Keno Derleyn