Au-delà du sport, des causes pour donner du sens
- Antoine Grenapin
- 16 avr.
- 4 min de lecture
Les skippers qui portent les couleurs d’une association ou d’une fondation sont nombreux à prendre le départ de cette 17e édition. Certains sont engagés pour les enfants malades (Les Étoiles filantes, Décrochons la lune), d’autres ont un engagement social (Banques Alimentaires), défendent l’égalité des chances (Article1, Demain), les droits humains (Humains en actions), les droits des femmes (Women’s Engineering Society) ou luttent pour la préservation des océans (Pure Ocean, Wings of the Ocean). Des initiatives qui démontrent la volonté forte des marins à donner du sens à leurs challenges, à terre comme en mer.

Pour Quentin Vlamynck qui sera associé à Audrey Ogereau, la question ne s’est pas vraiment posée. Après avoir écumé le circuit Ocean Fifty, il souhaitait que son arrivée en Figaro n’ait pas uniquement un objectif sportif. Il le raconte à sa manière : « quand on a lancé le projet l’an dernier, c’était important de trouver des partenaires pour réussir à faire de belles courses mais je tenais à être associé à une cause ». Quentin porte donc les couleurs des Étoiles filantes, une association qui permet d’accompagner les enfants atteints d’une tumeur du tronc cérébral et leurs familles. Un an après ses débuts sous ces couleurs, Quentin en parle avec le sourire : « des familles viennent naviguer à bord du bateau, on crée de beaux souvenirs avec elles. Je suis d’ailleurs en contact avec certaines d’entre elles ».
« C’est un devoir de mettre en avant des causes aussi importantes »
Le même enthousiasme est palpable quand Romain Bouillard - associé à Irina Gracheva - parle de Décrochons la lune qu’il représente depuis l’an dernier. L’association vise également à venir en aide et à améliorer le bien-être des enfants malades. « Nous, on va mener une bataille sur l’Atlantique mais c’est une bataille que nous avons décidée, confie Romain. Eux, ils la subissent. Ils mènent un combat au jour le jour ». Romain organise également de nombreuses navigations avec les enfants et avec leurs familles. « Ça leur permet de vivre un peu d’aventures et de s’évader ».

De leur côté, les jeunes Pier Paolo Dean et Tiphaine Rideau, qui s’apprêtent à disputer leur première transatlantique, représenteront la Banque Alimentaire. « Je crois que c’est un devoir, dans le monde dans lequel on vit et dans les crises que l’on subit, de mettre en avant des causes aussi importantes », explique Pier Paolo, dont certains membres de sa famille ont souffert de précarité alimentaire.
« J’ai hâte de partager mon expérience avec ces jeunes et les aider à croire en leurs rêves »
Les convictions de Pier-Paolo se rapprochent de celles d’Arno Biston qui s’élance au côté de Vittoria Ripa Di Meana. Leur projet, c’est Article1, une association qui milite pour l’égalité des chances. Elle œuvre pour une société « où l’orientation, la réussite dans les études et l’insertion professionnelle ne dépendent pas des origines sociales, économiques et culturelles ». Sur le site de l’association, Arno explique : « ma quête du large m’a appris la rigueur, la persévérance et l’audace. Ce sont des valeurs que je retrouve pleinement chez Article1. J’ai hâte de partager mon expérience avec ces jeunes et les aider à croire en leurs rêves ».

De son côté, Martin le Pape porte les couleurs de Demain, dont la finalité n’est pas si éloignée. « C’est un fonds de solidarité en faveur de l’égalité des chances qui permet à des enfants et à des jeunes d’accéder plus facilement à l’éducation et à la culture », précise le skipper. Lui qui est associé à Mathilde Géron à la Transat Paprec a ainsi créé un groupe de partenaires qui s’engagent tous pour ce fonds de solidarité.
Parmi les causes soutenues par les participants à la Transat Paprec, il convient aussi de souligner les initiatives environnementales. Thomas de Dinechin et Aglaé Ribon portent ainsi les couleurs de Pure Ocean (Almond for Pure Ocean), une fondation qui soutient des projets de recherche afin de mieux protéger la biodiversité. De leur côté, Alexis Thomas et Pauline Courtois concourront avec Wings of the Ocean, une association française dédiée à la dépollution des littoraux. Ellie Driver et Oliver Hill, eux, sont soutenus par Women’s Engineering Society, une ONG britannique qui défend depuis 1919 le droit des femmes et la mixité en entreprise. À noter, enfin, qu'Anaëlle Pattusch et Hugo Cardon, eux, porteront les couleurs d'Humain en action, association créé sous l'impulsion d'Edgar Morin qui encourage les projets en faveur des droits humains.
« Je sais que pour eux, je ne peux pas baisser les bras »
Donner au projet le nom d’une association ou d’une cause, permet aussi de se distinguer au moment de frapper aux portes des entreprises afin de boucler son budget. Le modèle a fait ses preuves en course au large et le dernier Vendée Globe l’a démontré avec la présence d’Initiatives Cœur (actuellement avec Samantha Davies) et plus récemment de Lazare (Tanguy Le Turquais) et Coup de pouce (Manuel Cousin).
Pour les associations qui s’affichent dans les voiles, le Figaro est l’occasion de diversifier leur communication et d’évoquer différemment leurs engagements. « La course au large a besoin de sponsors privés mais aussi de projets qui portent des messages forts », abonde Pier-Paolo. Ces initiatives créent un cercle vertueux en étant bénéfique pour les associations, pour les projets mais aussi pour les skippers. Surtout au sein d’une classe où il ne faut jamais se ménager en mer. « Courir pour une association, ça donne du sens au projet et ça donne du courage aussi », atteste Romain Bouillard. « Mentalement, ce soutien fait du bien quand on est en mer, poursuit Quentin Vlamynck. Je sais que pour les enfants et les familles, je ne peux pas baisser les bras ».