Rendez-vous en 2025

Une « transat à algues égales »

Depuis plusieurs jours, les 18 duos de la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy doivent composer avec un nouveau facteur : les sargasses. Pour la navigation, ces algues brunes ont un impact bien plus important qu’on pourrait l’imaginer…

Présentes en quantité dans les zones de navigation des duos de la Transat en Double, les sargasses sont des algues brunes pélagiques, ce qui veut dire qu’elles flottent en surface. Elles se développent en pleine mer et n’ont besoin d’être accrochées à aucun substrat rocheux ou sableux. Elles existent depuis des centaines d’années dans les eaux tropicales et sont présentes en forte concentration dans la mer des Sargasses, au large de la côte Est des États-Unis. Depuis un peu moins de dix ans, des phénomènes de courant ont provoqué un détachement de ces bancs de sargasses qui se déplacent dorénavant en nombre sur le trajet des marins engagés sur la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy. Les causes de ces détachements observés ces dernières années sont complexes, mais l’action humaine sur la planète a très certainement sa part de responsabilité.

Une « forêt » dans l’océan

En mer, les bancs de sargasses ont un rôle écologique très important. Les algues agissent en effet comme une forêt en pleine mer : elles captent le CO2 et servent de « nurserie » pour de nombreuses espèces ainsi que de dispositif de concentration de poissons. Un « radeau de sargasses » apparaît ainsi comme un refuge pour des centaines d’espèces marines : poissons, invertébrés, tortues marines, etc. qui y vivent de manière temporaire ou permanente. 

Pour les marins en revanche, elles peuvent sérieusement faire ralentir leur progression lorsqu’elles se coincent dans la quille, les safrans et les foils. Les duos de la Transat en Double rivalisent d’ingéniosité pour se débarrasser des sargasses.

Pierre Quiroga (skipepr Macif) a pris le problème à bras le corps 

Démonstration de corde à noeuds à bord de Devenir !

Gildas Mahé (Breizh Cola) préfère en sourire : « c’est une Transat à algues égales »

Pêche à la sargasse à bord de Bretagne - CMB Océane

La recherche

De nombreux scientifiques étudient ces algues pour comprendre leur développement, leur saisonnalité… Les témoignages des marins sont d’ailleurs précieux à ce sujet. Au travers de cartes satellites représentant la concentration de l’océan en chlorophylle, il est possible d’avoir une idée des grandes masses de bancs de sargasses que l’on retrouve dans les zones de navigation des marins.

Sargasses

Illustration provenant de la direction de course. Légende (concentration en chlorophylle en mg/m^3) : Violet 0 à 0.10 – Bleu 0.10 à 0.3 – Vert 0.3 à 1 – Jaune 1 à 2.5 – Rouge de 1.5 à 6

À terre

Lorsque les sargasses s’échouent sur terre, elles commencent à se dégrader et émettent de l’hydrogène sulfuré (H2S), un gaz toxique qui présente un risque sanitaire. De plus, cette algue brune a la particularité d’accumuler les métaux lourds et particulièrement l’arsenic, qui est naturellement présent en mer. Elles en sont donc souvent assez concentrées lorsqu’elles s’échouent sur le rivage. Depuis plusieurs années, des collectes sont organisées et de nombreuses initiatives naissent pour valoriser ces algues collectées. 

En savoir plus :

Pour en savoir plus, découvrez the Sargassum Podcast (sur YouTube avec les sous-titres des épisodes en langues étrangères), animé par des éducateurs et des scientifiques marins possédant une gamme d'expertise dans les Sargasses et les communautés côtières. Les podcasts interrogent une variété de parties prenantes telles que des scientifiques, des entrepreneurs, des gestionnaires de ressources, des dirigeants communautaires, des représentants du gouvernement, des artistes, des pêcheurs, des personnes travaillant dans le secteur du tourisme, etc.

Le site internet du podcast

Un grand merci à Clio Maridakis, biologiste spécialisée sur les macroalgues qui a travaillé deux ans sur l'île caribéenne de la Martinique auprès de l'Agence française de l'environnement (ADEME) sur la gestion des sargasses, accompagnant des projets locaux de collecte et de valorisation. 

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Valoriser les sargasses en les transformant 

Depuis 8 ans, l'association Sargasse project, basée à Saint-Barthélemy, travaille à valoriser les sargasses. Après avoir expérimenté plusieurs pistes, l'association travaille aujourd'hui à transformer les sargasses en papier. Les premiers résultats s’avèrent plus que positifs : ils montrent en effet que la pâte à sargasse a les mêmes propriétés cellulosiques que le papier et carton. Mieux encore, les analyses de métaux lourds montrent des teneurs équivalentes à celles classiquement mesurées sur des papiers et cartons d’emballage.

Le site internet de Sargasse project