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Traverser l’Atlantique en Figaro 3, l’histoire d’une première

Ils n’ont jamais passé plus d’une semaine en mer en compétition. Pourtant, à partir du 9 mai prochain, les Figaro Bénéteau 3 s’apprêtent à traverser l’Atlantique. Une inconnue à plus d’un titre et un sacré défi qui promet un engagement de tous les instants pour les 18 duos qui s’élancent dans l’aventure. Décryptage. 

Depuis deux ans, ils ont connu les batailles rangées d’un circuit dense et extrêmement compétitif dont les affres et les frissons de la Solitaire du Figaro. Les Figaro Bénéteau 3 ont ainsi été éprouvés. Leurs foils – tournés vers l’intérieur pour générer de l’antidérive – ne sont plus une curiosité et leur capacité à offrir de belles bagarres au large n’est plus à démontrer. Pourtant, le temps des premières n’est pas encore achevé. Le 9 mai prochain, les 18 duos qui concourent à la Transat en double Concarneau-Saint Barthélémy lancent leurs bateaux vers l’inconnu : 3 980 milles théoriques à parcourir (6 405 km) soit une transatlantique et des interrogations qui se bousculent. 

« De nouvelles possibilités d’accélération » (Delahaye) 

« C’est un bateau qui n’a jamais fait plus de cinq nuits en mer en course », souligne le directeur de course, Francis Le Goff. Le ‘Figaro 3’ est légèrement plus petit (9,75 m contre 10,10 m) et plus léger (150 kg de moins) que son prédécesseur. « Ce qui a changé, c’est la possibilité d’embarquer des voiles un peu différentes. Et avec les foils, le jeu sera plus ouvert, les stratégies possibles plus nombreuses et on devrait surement voir une flotte plus éclatée pendant la course ». Fabien Delahaye (Groupe Gilbert), unique ex-vainqueur présent sur la ligne de départ, ajoute : « avec les Figaro Bénéteau 2, nous connaissions parfaitement ses accélérations à toutes les allures. Là, avec le gennaker en plus, il va y avoir de nouvelles possibilités d’accélération qui vont contribuer à ouvrir des routes qu’on mettait de côté avec le ‘Figaro 2’ ». 

Plus rapide, le Figaro Bénéteau 3 oblige aussi à un certain sens de l’adaptation à bord d’autant qu’il est plus bruyant que son aîné. Par ailleurs, l’espace à bord est légèrement réduit et très exposé aux vagues et aux embruns.  « Vivre à bord, ce sera un petit défi parce que le bateau est assez humide et le confort précaire », assure Tom Laperche. Avec Loïs Berrehar à bord de Bretagne – CMB Performance, ils ont profité de la Sardinha Cup pour peaufiner leurs automatismes en double pendant plusieurs jours. « Le bateau est exigeant et on passe beaucoup de temps à genoux ou assis. Mais on sait que la vie à bord est une somme de plein de petits détails qu’il faut veiller à respecter pour que ça se passe bien. » De leur côté, Estelle Greck et Laurent Givry ont installé une casquette à bord de RLC Sailing pour « réduire l’humidité et les projections d’eau sur le bateau ».

« On sait que ce sera costaud » 

Néanmoins, tous les acteurs de cette Transat en double se veulent rassurants sur la fiabilité du ‘Figaro 3’. « Nous n’avons jamais pris une grosse dépression avec beaucoup de mer au près mais on est capable de réduire la toile et de les passer », certifie Fabien Delahaye. Tom Laperche ne dit pas autre chose : « cela fait deux ans qu’on travaille sur ses bateaux pour gommer les petits soucis ».

« Ce n’est pas le bateau des débuts avec des problèmes de jeunesse à résoudre, poursuit Francis Le Goff. Ils ont été éprouvés lors des différentes courses et surtout les duos sont rôdés, très professionnels et leur préparation est un gage de sérénité pour l’organisateur. L’une des grandes interrogations, ce sera leur capacité à résister physiquement dans le golfe de Gascogne et le long des côtes portugaises quand ils seront à haute vitesse et sous une douche permanente ».  L’expérience sera précieuse et ça tombe bien : ils sont nombreux à s’aguerrir aux spécificités du Figaro Bénéteau 3 depuis deux ans, ce qui garantit un sacré suspense pendant la course. De quoi assurer le spectacle pour une « première » qui s’annonce savoureuse. 

Crédit photo : Gardons la vue / Jean-Philippe Guivarch