Rendez-vous en 2025

Pourquoi la course est si ouverte ?

Il s’agit d’un exercice particulièrement périlleux. Prédire quel duo franchira la ligne en tête après une vingtaine de jours en mer s’apparente à une mission délicate. À bord d’un bateau, le Figaro Bénéteau 3, qui n’a jamais traversé l’Atlantique et avec un plateau particulièrement relevé, ils sont nombreux à pouvoir prétendre à la victoire. Les principaux intéressés se sont lancés dans le jeu des pronostics. 

Il s’agit d’une promesse et trente-six skippers vont s’évertuer à la fructifier : offrir deux fois plus d’émotion, d’engagement et d’évasion. L’émotion, parce qu’ils garantissent une bataille pleine de suspense des côtes bretonnes jusqu’à Saint-Barthélemy, en passant par le golfe de Gascogne et les Canaries. L’engagement, puisque bien figurer oblige à être constamment focalisé sur son allure, sur ses réglages et être le plus malin dans chaque choix stratégique. L’évasion, ensuite, de la douceur printanière de Concarneau à la chaleur des Antilles avec l’Atlantique et son immensité pour terrain de jeu. Mais qui en sortira vainqueur ? 

« Des favoris, il n’y en a pas un ou deux mais quinze ! » s’amuse le directeur de course, Francis Le Goff. « C’est difficile à dire, je pense que la moitié de la flotte peut prétendre à la victoire et que 75% ont les moyens de faire un ‘top 5’ », poursuit Violette Dorange (Devenir). « Ce n’est pas facile de faire une short-list », ajoute Martin Le Pape (Gardons la vue). « En fait, il y en a beaucoup trop », rigole Elodie Bonafous (Bretagne - CMB Océane). « C’est clair qu’il y a pas mal d’équipages qui sont en capacité de briller », poursuit Fabien Delahaye (Groupe Gilbert).

Eliès-Le Pape et Delahaye-Marchand en pôle ?

Mais lorsqu’on les relance, chacun à une idée un peu plus précise, sans toutefois les hiérarchiser. Tom Laperche embraye, à l’unisson de la flotte : « pour moi, Yann Eliès et Martin Le Pape (Gardons la vue) forment un super binôme » Les deux hommes, qui comptent 15 ans d’écart, ont l’expérience pour eux et cinq participations à la Transat en Double cumulées. Yann Eliès ne s’en cache pas : « nous sommes là pour la gagne ! » aime-t-il répéter. « Si les autres nous classent parmi les favoris, c’est qu’il y a une part de vérité, s’amuse Martin. On a démontré qu’on était compétitifs lors des stages et à la Sardinha Cup mais on reste lucides : nous savons qu’il y a de nombreux paramètres qui vont influencer le résultat. »

Dans la catégorie des favoris, Martin, lui, cite spontanément le duo Fabien Delahaye et Anthony Marchand (Groupe Gilbert). Le premier est l’unique ex-vainqueur en lice cette saison – succès en 2010 avec Armel Le Cléac’h – et les deux comptent six participations au total à la Transat en Double. Fabien a également à son palmarès une Transat Jacques Vabre (2013), une Volvo Ocean Race (2018) et Anthony deux podiums à la Solitaire du Figaro (2e en 2018, 3e en 2019). Surtout, les deux se targuent d’avoir de « supers souvenirs » sur la course. Et l’optimisme est au rendez-vous dixit Fabien : « nous avons pas mal progressé ces deux dernières années donc nous sommes plutôt confiants ! »  

Chez Bretagne - CMB, deux duos ambitieux 

Fabien Delahaye, justement, place dans les favoris le duo Tom Laperche  - Loïs Berrehar (Bretagne - CMB Performance). « On voit bien qu’ils sont très en forme depuis le début de saison. Ils ont la capacité d’aller très vite. » S’il n’a jamais participé à la Transat, Tom Laperche s’est signalé en ce début d’année en remportant la Solo Maître CoQ alors que les deux hommes ont terminé 7e de la Sardinha Cup. « Nous sommes super contents de faire cette transatlantique, confie Tom. On l’aborde dans les meilleures dispositions : nous avons les atouts pour viser les meilleures places et pourquoi pas la victoire finale. »   

Leurs compères du team Bretagne - CMB, Élodie Bonafous et Corentin Horeau sont également cités régulièrement chez les potentiels vainqueurs. « Corentin revient sur le circuit, il a une expérience très importante et ils sont très complémentaires », explique Tom Laperche. Élodie et Corentin se sont d’ailleurs illustrés en terminant 2e de la Sardinha Cup. « On ne se considère pas comme favoris et on n’a pas de pression de résultat, tempère Elodie. Mais on part pour faire le mieux et pourquoi pas s’offrir une belle surprise. »  

Des outsiders en pagaille 

C’est également le cas pour Alexis Loison qui tente l’aventure avec le jeune Guillaume Pirouelle. « Guillaume débute sur ce circuit et son nouveau regard m’apporte beaucoup, explique Alexis. Ça ne m’étonnerait pas que notre fonctionnement soit la bonne recette ! » « Nous n’avons rien à perdre », renchérit son co-skipper. « En matière de compétitivité, ils ont passé un nouveau cran et savent très bien faire marcher leur bateau », confirme Tom Laperche. 

Il conviendra aussi de surveiller le duo Gildas Mahé - Tom Dolan. Le premier compte deux podiums lors de ses deux dernières participations et le duo ne cache pas sa complicité. « Le niveau est très élevé donc je ne m’avance pas trop,explique Gildas. Mais nous allons tout donner pour décrocher la plus belle place possible. » Fabien Delahaye, lui, tient à ajouter qu’il « ne faut pas oublier Pierre Leboucher et Thomas Rouxel (Guyot Environnement – Ruban Rose) qui ont déjà réalisé de solides performances à la Transat (Leboucher 4e en 2018, Rouxel 5e en 2010) ». Le skipper de Groupe Gilbert s’amuse : « en fait, il y en a tellement qui peuvent gagner que c’est dur de tous les citer. » Vivement le grand départ dimanche prochain !