Rendez-vous en 2025

La glorieuse incertitude du sport

« Je ne serais pas surpris qu’il y ait des partisans des deux options sur le podium, avec des arrivées à vue. » La théorie d’Alexis Loison (Région Normandie) semble tout à fait plausible tant la bataille entre sudistes et nordistes est engagée. À un peu plus de trois jours de l’arrivée à Saint-Barthélemy, chaque groupe peut espérer « rester vivant » et jouer la gagne. Malgré la fatigue, les marins ne s’économisent pas. À fond tout le temps !

La distance théorique du parcours de la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy est de 3 890 milles, soit un peu plus de 7 000 kilomètres en langage terrien. Pourtant, dans leurs témoignages, les femmes et les hommes engagés parlent de grappiller des mètres sur leurs adversaires. Le match est si serré… « Nous sommes très proches les uns des autres. Comme les prévisions ne sont pas assez précises pour prédire l'issue de la bagarre, on va chacun jouer nos petits coups pour essayer de gagner quelques mètres. Nous n’avons pas de répit. Nous faisons des quarts assez courts pour éviter la fatigue la nuit et les risques d'insolation la journée », écrivent par exemple les leaders Pierre Leboucher et Thomas Rouxel (GUYOT Environnement – Ruban Rose). 

Avantages et inconvénients de chaque option 

La journée de vendredi s’annonce importante. Le groupe du nord va devoir traverser une zone de vent faible, sans aucune opportunité de s’échapper. Les six duos concernés vont donc peut-être passer une journée délicate mais ils seront en position plus favorable à partir de samedi matin. Les alizés soufflant plein est, ils pourront faire route directe avec un meilleur angle. Demain, les sudistes seront probablement moins en difficulté, car ils profiteront d’un alizé un peu plus établi. Mais ils devront, pour la fin de course, multiplier les empannages afin de rejoindre Saint-Barthélemy. Voilà pour la théorie. En pratique, il y aura une multitude d’aléas à prendre en compte, les deux principaux étant les grains (principalement au nord) et les sargasses (des algues davantage présentes au sud). Ce soir, absolument personne ne peut affirmer quelle option va payer.


La priorité : être en tête de son groupe

Nils Palmieri et Julien Villion (TeamWork) le répètent depuis plusieurs jours : en attendant le résultat de telle ou telle grande option, il est essentiel d’être aux commandes de son groupe. De ce point de vue, le duo franco-suisse réussit son pari. Alexis Loison confie : « on sait qu’on ne peut plus jouer la victoire car clairement TeamWork a fait le break sur notre option nord. On se bat pour continuer à accrocher la meilleure place possible ». Les leaders du sud sont aussi bien décidés à conserver leur positionnement, à l’instar de Gildas Mahé (Breizh Cola) : « On ne sait absolument pas où ça va passer ! Alors on fait marcher le bateau au maximum, on suit les oscillations de vent pour parcourir le moins de distance possible. L'idée pour nous est de jouer au mieux le paquet du sud. Si on est en tête de ce groupe on a une chance de gagner la transat. C'est déjà le premier objectif, pour le reste l'avenir nous le dira. » 

Des nouvelles rassurantes des bateaux blessés

Plus en arrière de la flotte, les deux Figaro Bénéteau 3 ayant connu des soucis techniques conséquents poursuivent leur route. Après des journées mouvementées, la sérénité semble être revenue pour le duo Jérôme Samuel et Nicolas Salet (ERISMA – GROUPE SODES – Fondation TARA OCEAN) ainsi que pour les frères Livory (Interaction). Pour rappel, les premiers avaient subi la casse de l’étai (câble retenant le mât par l’avant). « Les réparations tiennent pour l'instant. On surveille surtout le bout-dehors et l’amure de spi qui sont pas mal sollicités », expliquent Jérôme et Nicolas. « A priori, nous naviguerons au près seulement à l'arrivée à Saint-Barthélemy. Nous serons vigilants. L'enjeu est que tout tienne en place et de maintenir nos poursuivants à bonne distance. Les derniers routages nous donnent une ETA dans la nuit du 1er au 2 juin. »

Quant aux frères Livory, ils avaient constaté une voie d’eau, provoquée par l’arrachage de la prise d’eau du circuit de refroidissement moteur. « La pinoche est sous surveillance aiguë et semble étanche », disent-ils. « À ces allures, le bateau ne tape pas donc c'est une bonne chose. Pour le refroidissement moteur, notre système de tuyau fonctionne également. Après toutes ces galères, nous voulons prendre du plaisir ensemble dans les alizés pour cette fin de transat. Nous espérons arriver dans un peu moins de sept jours. » Il est trop tôt pour crier victoire mais il est possible que tous les duos parviennent à rallier la ligne d’arrivée, ce qui serait une très bonne nouvelle pour la première transatlantique des Figaro Bénéteau 3…

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LE POINTAGE DE 17H00 : 

  1. GUYOT Environnement – Ruban Rose (Pierre Leboucher / Thomas Rouxel) à 614,6 milles de l'arrivée
  2. Bretagne – CMB Performance (Tom Laperche / Loïs Berrehar) à 2,2 nm des leaders
  3. Breizh Cola (Gildas Mahé / Tom Dolan) à 9,2 nm
  4. Gardons la vue (Martin Le Pape / Yann Eliès) à 22,7 nm
  5. MonAtoutEnergie.fr (Arthur Hubert / Clément Commagnac) à 26,1 nm
  6. Teamwork (Nils Palmieri / Julien Villion) à 28,5
  7. Bretagne – CMB Océane (Elodie Bonafous / Corentin Horeau) à 35,6 nm
  8. CYBELE VACANCES TEAM PLAY TO B (Pep Costa / Will Harris) à 37,1 nm
  9. Groupe Gilbert (Fabien Delahaye / Anthony Marchand) à 44,7 nm
  10. Région Normandie (Alexis Loison / Guillaume Pirouelle) à 54,4 nm
  11. Quéguiner - Innovéo (Tanguy Le Turquais / Corentin Douguet) à 56,1 nm
  12. Skipper Macif (Pierre Quiroga / Erwan Le Draoulec) à 62,9 nm
  13. (L’égoïste) - Cantina St Barth (Eric Péron / Miguel Danet) à 73,3 nm
  14. DEVENIR (Violette dorange / Alan Roberts) à 73,3 nm
  15. RLC Sailing (Estelle Greck / Laurent Givry) à 169,2 nm
  16. ERISMA GROUPE SODES – Fondation TARA OCEAN (Jérôme Samuel / Nicolas Salet) à 451,3 nm
  17. INTERACTION (Yannig Livory / Erwan Livory) à 557,1 nm
  18. KRISS-LAURE (Nicolas Bertho / Romuald Poirat) à 671,8 nm