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Arnaud Machado : "On ne va rien lâcher pour aller chercher la 10e place"

Alors que les premiers sont passés sous la barre symbolique des 1000 milles avant l’arrivée, derrière, tous poursuivent leurs efforts pour essayer de grappiller de précieux milles et tenter de recoller avec ceux qui sont devant. C’est notamment le cas de Région Normandie (Guillaume Pirouelle/Sophie Faguet, 4e à 35,1 milles du leader au classement de 11h00) et de Groupe Hélios – Du Léman à l’océan (Arnaud Machado/Lucie Quéruel, 11e à 360,3 milles du leader), que nous avons joint à la vacation de ce matin. 

Guillaume Pirouelle : « Les conditions sont calmes en ce moment. On prend notre mal en patience. On commence à être un peu loin du trio de tête mais l’arrivée est dans cinq jours. Il reste du temps mais c’est un peu tout droit et de toute la traversée de l’Atlantique, il n’y a pas eu de grosses options. C’est un peu le train-train donc c’est un petit peu frustrant quand on est derrière mais c’est le jeu, c’est comme ça. C’est un peu une course de vitesse depuis les Canaries. On essaie de faire quelques petits coups. On a notamment jibé (empanné) avant les autres en espérant avoir un peu plus de vent qu’eux. Sur les gribs, c’est ce que l’on voyait un peu, mais finalement ça ne s’est pas avéré être exact parce que par-dessous, ils avaient plutôt des meilleurs pointages que nous. On essaie, on ne lâche pas, et on verra à l’arrivée. Ce n’est jamais facile de savoir si les gribs sont bons ou pas. Je les prends dès qu’ils sortent, je fais des routages. En gros, il y a deux façons de voir les choses : soit on joue la pression en espérant avoir plus de vent, soit on joue les bascules de vent. Je ne l’ai pas encore fait pour ce matin mais l’idée, c’est de jouer un peu les bascules en espérant que ceux qui sont devant tombent un peu dans les molles. On a eu des trucs auxquels on ne s’attendait pas trop. Par exemple, hier après-midi, on est tombés dans vraiment très peu de vent. Ce sont des moments où tu ne peux pas faire grand-chose. Ça serait bien que ça ralentisse un peu devant pour que l’on puisse revenir un peu ! Mais on verra. Hier, on a essayé d’alléger le bateau le plus possible. Quand on part, on ne sait jamais combien de temps on va mettre donc il faut être sûr d’avoir assez d’eau et de nourriture. C’est très important mais il faut aussi ne pas en avoir trop. Il y a un subtil équilibre à trouver dans ce que l’on emporte. Hier, on a fait un peu les comptes.On essaie de mettre toutes les chances de notre côté pour avancer le plus vite possible. On essaie de rattraper ceux qui sont devant mais on fait aussi attention à ceux qui sont derrière pour qu’ils ne reviennent pas trop. Il y a un peu d’écart mais ça peut aller vite donc on surveille tout ça. On aimerait bien monter sur le podium mais on aimerait bien aussi pas faire pire que 4. Il reste cinq jours avant l’arrivée, ça va venir vite ».

Arnaud Machado : « On barre tout le temps. On ne met jamais le pilote pour essayer de prendre tous les surfs et d’avoir une vitesse moyenne la plus élevée possible. On se relaie pas mal avec Lulu (Lucie Quéruel). Niveau option, c’est compliqué de faire différemment des autres. Il n’y a pas vraiment d’option qui se dessine. On aimerait bien qu’il y en ait une vraiment tranchée pour pouvoir jouer le truc mais malheureusement, ce n’est pas le cas. On est plus au sud que les autres. On essaie de ne pas trop prendre les mêmes routes parce que l’on se dit que c’est une chance de plus de ne pas avoir les mêmes vents. On ne va pas mettre tout de suite du nord dans notre route mais on le fera peut-être en fin de journée. Il n’y a pas grand-chose à jouer avec le nombre de milles qui nous sépare des autres mais on essaie de faire ce que l’on peut. On ne va rien lâcher pour aller chercher la 10e place, mais plus les jours passent et plus c’est dur. Sinon on n’a pas eu de nouveaux soucis de voile. On est prudents et on jette un œil assez régulièrement mais pour le moment ça tient donc c’est plutôt cool. Le routage nous fait arriver dans six jours pour le moment. Le moral est bon mais pour être franc, se lever et mettre la même intensité sans avoir les copains autour, c’est vraiment difficile. On se bat un peu contre nous-mêmes. Personnellement, ça m’aiderait qu’il y ait du monde autour mais en tout cas, on fait exactement le même boulot que si on était dans le groupe. C’est un petit peu plus dur sachant qu’il n’y a pas la carotte. C’est compliqué mentalement de se dire qu’il faut se lever toutes les heures, ne pas dormir tout ça pourquoi ? Pour être dernier. On essaie de ne pas trop y penser. La nuit, je me dis qu’Edouard (Golbery, Race for Science – Verder, 10e avec Alicia de Pfyffer) est à côté de moi et je fais tout pour le passer. Heureusement qu’il est là d’ailleurs ! »